Il y avait les trajets en voiture coincée entre trois valises parce que les deux chiens prenaient toute la place dans le coffre arrière, mes parents et moi reprenant à tue-tête les chansons de Renaud. Il y avait notre petite maison de famille dans les Ardennes, les promenades à vélo par tous les temps, les chiens qui tiraient sur leur laisse quand ils flairaient une biche, les séances « ramassage » de mûres ou de myrtilles dans les sous-bois, les bains improvisés dans une bassine et les soirées au coin du feu. Il y avait les églises romanes que mes deux historiens de parents tenaient toujours à visiter, les bons plats de pâtes en Italie, les promenades en chantant très fort pour dire qu’on est pas fatigué, la maison de mes grands-parents à la Côte d’Azur, les disputes avec les minus des voisins et les grands essuies étalés sur la plage.
Et puis surtout, il y avait la montagne. D’aussi loin que je me souvienne et jusqu’il y a peu, la plupart de mes souvenirs de vacances ont comme décor la montagne. La montagne et son silence, son calme, ses habitants rugueux et sincères, les sifflets des marmottes et surtout son odeur. Encore aujourd’hui, il me suffit de fermer les yeux quelques instants pour sentir l’odeur de la haute montagne. Depuis quelques années, c’est à la mer que je passe mes vacances (petits minus obligent), la mer que j’aime aussi profondément, mais je sais qu’un jour je retournerai là-haut. Je me souviens des longues ascensions, épuisant mes parents de jeux et de conversations alors qu’ils peinaient sans doute à conserver leur souffle. Mais les minus sont des cabris, des bouquetins et je caracolais en tête en demandant « on fait un portrait chinois? », « dis on joue? ». Les barrages construits avec mon papa dans les ruisseaux, la descente presque au pas de course, le pique-nique du midi, notre hôtel en Italie, le bruit des cloches des vaches, les jumelles qu’on passe de main en main pour apercevoir une marmotte ou un bouquetin, la peur de croiser une vipère, la crème solaire qu’on étale et encore une fois le silence…
Les vacances dont on se souvient le plus ce sont souvent celles des habitudes, des rituels. C’est cela aussi que nous aimons retrouver dans nos souvenirs d’enfance : la régularité, le retour rassurant du même chaque été, la tendresse d’une mamy, l’odeur de son cake, le marchand de glace qu’on retrouve à la même place… Les souvenirs de vacances nous rassurent…
L’autre ingrédient magique des vacances de mon enfance (et de mon adolescence), ce sont les amis, la tribu. Nous partions très rarement à nous trois (je suis enfant unique). Dans mes souvenirs, il y a beaucoup d’amis, des grandes tablées et des gîtes avec cinq chambres minimum. D’ailleurs, cela n’a pas tellement changé, encore aujourd’hui, pour moi, vacances rime souvent avec partage. Tous ces amis, avec ou sans minus, qui allaient et venaient formaient un joli bordel dont je me régalais. Mes minus assistent maintenant à leur tour à ce style de vacances et je suis sûre que cela participe à leur caractère sociable, à leur envie d’aller vers les autres…
Petit bond dans le temps, on passe de l’enfance à l’âge adulte, enfin le tout début de l’âge adulte. Les souvenirs sont plus précis, plus proches… Parmi les plus jolis, il y a sans nul doute ma première rencontre avec le Portugal, ma découverte de Lisbonne. Une ville qui m’a séduite dès mon arrivée et qui reste depuis ma préférée. Colorée, sincère, escarpée, chaleureuse, voilà Lisbonne ! J’ai toujours dit que si la cuisine portugaise m’avait plu autant que la cuisine italienne, cela ferait longtemps que je me serais installée là-bas !
Évidemment, depuis l’arrivée des minus les vacances ont bien changé. Avant pour moi, les vacances, c’était soit du sport, soit découvrir une ville, soit ne rien faire dans un transat. Autant vous dire qu’à part le sport (et encore sous une autre forme), je ne retrouve plus vraiment ces ingrédients au programme. J’ai bien sûr de merveilleux souvenirs de ces premiers étés : premiers petits pieds dans l’eau, première baignade, les châteaux de sable, une visite qui se passe bien, une sieste en journée… mais je suis quand même impatiente de les voir arriver à l’âge où l’on peut un peu plus partager de choses avec eux : un bon resto, une belle église, un musée, une terrasse au soleil… Oui, c’est pas pour tout de suite, je sais ;-).
Je m’en voudrais de terminer cet article sans vous parler des voyages que je fais dans ma tête, ceux que je prépare, programme et rêve… Je fais partie de ces gens qui ont toujours un voyage d’avance. Sur le chemin de retour du dernier, je pense déjà au suivant.. Quand j’ai cinq minutes de répit au boulot, je surfe sur les sites de location, sur les blogs voyage… Riga en amoureux, Florence et la côte en famille, Barcelone avec les copines, tout est prétexte à l’évasion. Et souvent le séjour ne se concrétise pas mais moi je me suis déjà évadée en le préparant…
Et vous, vos plus beaux souvenirs de vacances ?
juillet 24, 2015
Je suis justement en train de préparer mon prochain voyage et, au lieu de le faire, je procrastine et lis…
Et je tombe sur ton article !
Ayé, j’ai voyagé avec toi !
Je n’aimais pas mes vacances d’enfance et d’adolescence (trop répétitives et inintéressantes à mon goût) et je me suis ingéniée dès l’âge de la maturité (18 ans, hop) à partir loin, faire des choses différentes chaque année… Surtout, surtout ne pas répéter les vacances de mon enfance !
Même quand le petit de l’Homme est né, je n’ai pas calmé le jeu. Résultat : il n’a jamais passé 2 fois ses vacances au même endroit, et encore moins dans un endroit calme.
Par contre, entouré de potes, de mouvement et sous des cieux lointains, ça, oui…
Mais il part encore avec sa grand-mère une semaine par an à la mer au même endroit où j’allais passer mes vacances, enfant et ado. Et parfois, même, je les y rejoins (!!!). Et je réalise que ses souvenirs de vacances, ce seront certes les voyages qu’il fait avec ses parents et leur bande de potes, mais surtout cette constance dans les vacances avec sa grand-mère à la côte belge, les odeurs, le décor suranné (et moche, même, hein !), les châteaux de sable, le cuistax…
Et ça me réconcilie avec mes souvenirs… Certes, je rêvais d’autre chose, mais pour finir, ce calme, ce moment de repos total, ces jeux simples, ces retrouvailles avec un endroit que l’on connait bien c’était vraiment ce qu’on peut appeler des vacances…
La preuve, quand ma mère me demande « tu nous rejoins cette année ? », je réponds bien souvent « OUI ! » et ça fait marrer mon frère, lui qui me voyait râler chaque année de devoir me taper ce genre de vacances « nulles » ! 😉
Allez, sur ce, je retourne au programme de mes vacances lointaines, mais je penserai à ton article quand je rejoindrai ma mère sur son petit bout de plage belge, le vrai endroit des vacances…