Depuis quelques semaines, Magnus et moi-même sommes entrés dans la course infernale pré-déménagement : des dizaines de caisses à faire, les travaux de peinture à gérer dans la nouvelle maison, des démarches administratives en pagaille et quelques soirées « détapissage », voilà notre quotidien… Ajoutez à cela le boulot, les minus, les imprévus et le visites de l’appartement (pas encore vendu) et vous imaginerez plus ou moins notre état de fatigue et de stress actuel. Dans ce contexte un peu chamboulé, autant vous dire, qu’une soirée entre amis avec une jeune chef aux fourneaux était une bouffée d’oxygène inespérée. C’était hier soir et j’en suis encore toute émue. Je me dépêche d’ailleurs d’écrire l’article pour ne rien oublier, pour retenir encore un peu toutes ces saveurs, pour me souvenir, pour lui dire merci et parce que vous le raconter c’est prolonger encore un petit peu ce moment unique…
Laissez-moi d’abord vous expliquer comment nous nous sommes retrouvés à six, à dîner au Senza Nome un dimanche soir (soir de fermeture)… Depuis plusieurs années, San Pellegrino organise un « concours » de jeunes talents de la cuisine. Ce « concours » s’accompagne de la publication d’un guide le « S.Pellegrino Young Talents Guide » qui commence sérieusement à faire de l’ombre au Guide Michelin et autres institutions… L’idée est de regrouper une sélection de jeunes chefs prometteurs, second ou propriétaire, qui constituent la génération montante de la cuisine. Pour prolonger cette action et fêter la sortie du guide, plusieurs blogueurs ont eu la chance de partager un repas préparé par un de ces jeunes chefs. Et je peux vous dire que, pour ma part, j’ai le sentiment d’avoir décroché le gros lot : Beatrice Guzzi, la second du restaurant étoilé « Senza Nome ». L’histoire de Beatrice est tout à fait renversante, elle a à peine 23 ans et elle est déjà second d’un restaurant gastronomique.
Elle travaille tous les jours, sauf le dimanche, de 9h à minuit. Je faisais quoi moi quand j’avais 23 ans ? Je pense que je devais maîtriser trois ou quatre recettes de cuisine basiques et je me plaignais quand je bossais 6 heures d’affilée dans une brasserie comme serveuse… Mais pas Beatrice ! J’ai envie de vous parler un petit peu d’elle (on est pas à une digression près hein) parce que ce repas c’est aussi cette très jolie rencontre… Beatrice est de ces femmes qui dégagent à la fois une grande douceur, un peu de timidité et d’humilité mais aussi une grande force. Et maintenant que je sais qu’elle a débarqué à 18 ans toute seule en Belgique, ne parlant pas un mot de français, pour faire ses armes en cuisine, je ne doute plus de la force et de la volonté qu’elle abrite. Et pour ne rien gâcher, elle est également d’une simplicité et d’une extraordinaire chaleur humaine. Tout cela, nous l’avons senti dans le repas qu’elle nous a servi. Généreux, inventif, passionné, sortant des sentiers battus, son menu était d’une grande poésie.
Bon allez, j’arrête de vous faire saliver et j’entre dans le vif du sujet… Quoique… Non… Je me dois d’abord de vous parler du cadre enchanteur dans lequel nous avons dégusté ce repas. Giovanni Bruno, le chef du Senza Nome, avait eu la gentillesse de proposer à Beatrice que le repas se fasse dans leur nouveau restaurant situé dans un magnifique hôtel de maître situé Place du Petit Sablon. Ce qui m’arrangeait pas mal, je dois bien vous avouer, parce qu’entre les caisses et la taille de ma cuisine « pas très équipée », je pense que nous aurions été nettement moins bien et Beatrice n’aurait pas pu exprimer son talent de la même manière. Le Senza Nome, j’y vais depuis des années, sans doute depuis l’ouverture il y a 25 ans. Pas toutes les semaines évidemment, mais régulièrement, tous les deux ou trois ans, nous revenions prendre des nouvelles de leur cuisine italienne étoilée… Toujours avec le même plaisir… J’avais l’habitude de leur rendre visite à leur ancienne adresse, à Schaerbeek et j’étais fort impatiente de découvrir leurs nouveaux murs. Les travaux ont visiblement duré très longtemps mais cela en valait la peine : le cadre est magnifique. Je ne suis pas une grande spécialiste en décoration, je vais donc laisser mes photos vous raconter l’atmosphère du lieu et la magie qui s’opère quand on y dîne… Chaque objet, chaque pièce de décoration est choisie avec soin et comme le restaurant était fermé, nous avons même pu faire un détour par la cave à vin et la cuisine. Petit visite du lieu… La première photo est de Guerrino, les autres sont de bibi…
Et le repas ? Et bien, comme je vous l’ai dit, c’était sans doute le meilleur repas fait de ma petite vie. Beatrice avait déployé toute la palette de ses nombreux talents et ça partait dans tous les sens. Les vins étaient parfaits et nous avons même eu la chance que Mr Bruno en personne vienne nous faire une petite description des différents vins (italiens of course) dégustés. J’espère que vous ne mourrez pas de faim parce qu’une fois que vous aurez pris connaissance du menu auquel nous avons eu droit, je doute qu’une tartine de Kiri vous contente !
Amuse-bouche : Crostino de pain de campagne avec du lardo di colonnata et du miel.
Les entrées : Salade de betterave au gingembre et fromage de chèvre (je n’aime pas la betterave…enfin…je pensais 😉 )
Burratina huile au basilic et glace à la tomate (le plat signature du chef, une tuerie)
Battuta de langoustine, gelée de jus de grenade, pommes et œufs de lombes fumés (frais, frais, frais)
Les plats : Bonbons de polenta fourrés à la joue de porc, sauce au beurre et au parmesan et purée de potiron (mon coup de cœur)
Spumoni (pâtes sardes) au choux frisés, anchois, huile d’olive à l’ail et ricotta
Roulades de cuisse de poulet farcies aux noisettes du Piémont, légumes de saison, émulsion au citron et à l’huile d’olive (étonnant, déroutant mais divin)
Les desserts : Purée de kaki, émulsion de ricotta, copeaux de chocolat noir 75% (frais, surprenant et doux)
Meringue évidée farcie de granité aux raisins, crumble d’amandes et sauce à la vanille (le nirvana)
Pour répondre à toutes les questions qui j’imagine vous traversent l’esprit (en tous cas, nous nous les sommes posées) : Oui elle a préparé tout cela toute seule sans aide. Oui, cela lui a pris la journée, quand on aime, on ne compte pas et ce qui est sûr c’est que Beatrice aime ce qu’elle fait et que cela se ressent dans ses assiettes. Oui Mr Bruno est charmant et a chanté les louanges de sa second, je pense que ces deux-là se sont bien trouvés. Oui, nous avons tout mangé et même raclé nos assiettes pour ne pas en manquer une miette. Oui, nous étions un peu pompettes à la fin de la soirée…
Bilan : une soirée magique loin de nos caisses et de notre appartement à vider, entourés d’amis très chers et avec dans l’assiette le meilleur de la cuisine d’aujourd’hui. Je ne sais pas si ma route recroisera la tienne Beatrice, mais je te souhaite tout le meilleur du monde et je te dis encore une fois merci pour ce moment d’exception et la passion que tu mets dans ta cuisine. Retenez bien son nom, je suis sûre que d’ici quelques années, on se pressera dans son restaurant étoilé !! Et en attendant, n’hésitez pas, pour une grande occasion, à pousser la porte du Senza Nome…
octobre 12, 2015
J’ai faimmmmmmm!!!!!!!! C’est malin….
octobre 12, 2015
comme toujours un article intéressant, si bien écrit et très agréablement rythmé…un détail ressort ;o) : l’appartement à vendre…toute info m’intéresse alors si vous le voulez en MP…merci
octobre 13, 2015
Mais quel repas ! Quelle chance ! Tu me donnes trop envie de découvrir la cuisine de Béatrice 🙂
octobre 14, 2015
Un chef inspirationnel #SPyoungchef